Cara, le nouveau réseau social sans IA, va sauver les artistes?
La plateforme fondé par Jingna Zhang serait bien le mur protecteur contre le vol de propriété intellectuelle
19 Juin 2024
Le message est clair. Les artistes en ont ras-le-bol des plateformes qui volent leurs œuvres au bénéfice des intelligences artificielles. La semaine dernière, des centaines de milliers de photographes, illustrateurs et designers ont rejoint massivement Cara, un réseau social créé par des artistes, pour les artistes, qui bannit totalement l’IA. Le nombre d’utilisateurs est passé de 40 000 à 650 000 en une semaine, une véritable prouesse qui a catapulté la plateforme dans le classement des applis les plus téléchargées. La spécificité de Cara est qu’elle proscrit strictement l’IA dans un contexte où l’automatisation menace le droit intellectuel des artistes et la créativité en général. La plateforme, qui se présente comme un média-portfolio, assure la protection des œuvres partagées grâce au filtre Gaze et interdit tout art généré par les IA.
I won. I won my appeal.
— Jingna Zhang @ cara.app/zemotion (@zemotion) May 10, 2024
The Luxembourg court has ruled that Jeff Dieschburg infringed upon my copyright when he used my work without consent.
Using a different medium was irrelevant. My work being 'available online' was irrelevant. Consent was necessary. 1/ pic.twitter.com/f9GrmUScCY
Une échappatoire nécessaire pour les artistes après que Meta ait annoncé qu’il se servirait des contenus de ses utilisateurs pour entraîner son IA. Une nécessité encore plus cruciale pour les créateurs non-européens qui ne jouissent pas de lois similaires au RGPD contrairement à leurs collègues du Vieux Continent. Cara a été fondé par Jingna Zhang, une photographe renommée qui est connue pour ses combats en faveur des droits des artistes. La jeune femme a récemment gagné en appel un procès au Luxembourg contre un peintre qui a usurpé une de ses photographies qu’elle avait réalisé pour Harper’s Bazaar. « L'utilisation d'un autre support n'était pas pertinente. Le fait que mon travail soit « disponible en ligne » n'avait pas d'importance. Le consentement était nécessaire », a-t-elle écrit avec fierté sur X. La photographe et trois autres artistes poursuivent également Google pour avoir prétendument utilisé leurs œuvres protégées par le droit d'auteur afin d’entraîner Imagen, un générateur d'images d'IA. Elle est également plaignante dans un procès similaire contre Stability AI, Midjourney, DeviantArt et Runway AI. Interrogée par TechCrunch, Zhang analyse comme suit: « Quand il s'agit d'art, malheureusement, nous avons une perspective et un point de vue fondamentalement différents, parce que du côté de la tech, il y a cette forte histoire d'open source, et les gens pensent simplement, eh bien, vous l'avez mis en ligne, donc c'est pour que les gens l'utilisent ». Elle poursuit : « Mais pour les artistes, cela fait partie de notre personne et de notre identité ».
@thechainsawdotcom Cara, a new social media platform for artists that protect their artwork from AI, has surpassed 300,000 downloads in the past days. #art #artist #ai #photography original sound - The Chainsaw
Le mur de résistance contre l’IA générative se consolide grâce aux artistes qui se rebellent contre les multinationales même s’il s’agit d’une bataille à la David contre Goliath. La prise de conscience semble arriver chez les entreprises également. Par exemple, Dove s’est engagé à ne jamais utiliser des modèles générées par des IA et à continuer de représenter des « femmes réelles » uniquement. Pour l’instant, IA et éthique semblent condamnées à être des oxymores dû à la nature du premier. De plus, l’opinion publique semble devenir de plus en plus vigilante quant à l’immixtion des IA dans sa vie quotidienne. Seul, l’avenir nous dira s’il existera un monde où les technologies génératives seront en harmonie avec les droits humains.