Paris va-t-elle crouler sous les ordures ménagères?
Une nouvelle menace de grève des éboueurs vient ternir l'horizon
15 Mai 2024
Qui pourrait oublier la dernière grève des éboueurs ? Que ce soit à cause des effluves pestilentielles ou des montagnes de détritus s'élevant parfois sur plusieurs mètres, ces images avaient fait le tour du monde. En mars 2023, la grève des éboueurs, protestant contre la réforme des retraites, s'était étendue sur plus de trois semaines, provoquant l'accumulation de déchets sur tout le territoire, atteignant un pic de plus de 10 000 tonnes dans la capitale. Si la possibilité d’un deuxième acte menaçait la ville de Paris sur toute la période des jeux olympiques, « Hier, mardi, un accord a été trouvé afin de permettre la levée du préavis de grève qui courait sur six journées de mai – les 14, 15, 16, 22, 23 et 24 – puis du 1er juillet au 8 septembre » annonçait dans un communiqué la mairie de Paris. Quelques heures plus tôt, la CGT FTDNEEA, syndicat représentant les éboueurs parisiens, avait déposé un préavis de grève qui couvrait plusieurs jours en mai ainsi que la totalité de la période des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024. Cette action visait à attirer l'attention sur les conditions de travail des éboueurs et à faire pression pour obtenir des améliorations salariales et des primes spécifiques pour les travailleurs pendant les Jeux. Une annonce ayant suscité des réactions diverses, divisées entre soutien et préoccupations quant aux perturbations potentielles que cette grève pourrait causer pendant cet événement d'importance internationale.
Dès l'annonce du préavis de grève, les éboueurs parisiens ont immédiatement exprimé leur mécontentement en cessant le travail et en se rassemblant devant les sites clés de collecte des déchets. Cette première vague de mobilisation a clairement eu un impact significatif sur les services de collecte de déchets, perturbant le quotidien des Parisiens. Cependant, les rapports sur l'étendue de cette perturbation ont été sujets à des divergences marquées. D'un côté, la mairie de Paris a cherché à minimiser l'ampleur de la grève en présentant des chiffres qui laissaient entendre une perturbation relativement mineure. Selon leurs premières déclarations, seulement 16 % des éboueurs parisiens étaient en grève, une proportion qu'ils ont tenté de présenter comme ayant peu d'impact sur les services de collecte de déchets. Curieusement, ils ont omis de fournir des détails sur le volume de déchets non ramassés, ce qui laisse supposer une tentative de dissimulation de la réalité du terrain. De l’autre, la CGT FTDNEEA a présenté une image très différente de la situation. Selon eux, la mobilisation des éboueurs a été massive, avec des taux de grévistes allant jusqu'à 70 % à 90 % dans certains arrondissements. De plus, elle a souligné que des centaines de grévistes avaient investi le bâtiment de la direction des ressources humaines à l'Hôtel de Ville, démontrant ainsi la fermeté et la détermination des éboueurs à faire entendre leurs revendications.
Ces contradictions dans les rapports sur la mobilisation et son impact initial ont contribué à une atmosphère tendue et incertaine au début de la grève. Pour éviter le scénario catastrophique, les deux parties se sont empressées d’entamer les négociations. L’accord a été conclu dans la foulée, respectant à la fois les intérêts des éboueurs et ceux de la mairie de Paris. Au cours des discussions, les éboueurs ont mis en avant la nécessité d'une augmentation salariale significative ainsi que d'une prime spéciale pour leur engagement pendant les Jeux Olympiques. De leur côté, la mairie a pris en considération ces requêtes tout en gardant à l'esprit les contraintes budgétaires et les autres besoins de la ville. Des concessions ont été consenties des deux côtés dans le but de parvenir à un accord satisfaisant. La mairie a ainsi accepté d'accroître le régime indemnitaire des éboueurs tout en préservant les primes spéciales pour les agents mobilisés durant les JO. En échange, les éboueurs ont accepté des augmentations salariales étalées dans le temps, démontrant ainsi leur volonté de compromis pour garantir le bon déroulement des JO. L'accord final comporte plusieurs éléments clés. Tout d'abord, il prévoit une revalorisation du régime indemnitaire des éboueurs, avec une augmentation de 50 euros bruts par mois à partir de juillet 2024, suivie de 30 euros bruts par mois à partir de janvier 2025. En ce qui concerne les primes pour les agents mobilisés pendant les JO, l'accord maintient des montants compris entre 600 euros et 1 900 euros, en fonction du niveau d'intensification de leur charge de travail. Bien que ces primes soient inférieures aux demandes initiales des éboueurs, elles représentent néanmoins une reconnaissance tangible de leur contribution pendant cet événement majeur.