Ça veut dire quoi exactement se mettre sur son 31 ?

Même si la société évolue, les temps changent et les habitudes se transforment, une coutume reste toujours ancrée et accrochée telle une moule à son rocher dans la culture des fêtes de fin d’années occidentales : se mettre sur son 31. À peine la ribambelle de repas de noël terminée et avant même d’avoir digéré la bûche, les paillettes sont de retour, et c’est reparti pour un tour. Et gare à celui qui osera se présenter à sa soirée de la Saint-Sylvestre dans une tenue normcore sans dégainer le nœud pap, dans un contraste ironique presque caricatural d’une génération qui aujourd’hui a du mal avec les injonctions. Si cette expression qui dans le langage courant signifie “bien s’habiller”, “mettre ses plus beaux vêtements”, “déployer des efforts d’élégance” est automatiquement associée à la soirée du 31 décembre, elle remonte en fait au Moyen-Age. 

En effet, on doit l’expression à un tissu en particulier, d’usage au Moyen-Âge lorsqu’une personne avait envie de sortir du lot et de se faire remarquer : le trentain. La chaîne de cette espèce de drap de luxe était composée de trente fois cent fils, transformés malencontreusement en “trente et un” qui devint ensuite trentain. L’expression “se mettre sur son 31” signifie donc littéralement “mettre son trentain”, par extension mettre ses plus beaux ornements. Pourtant aujourd’hui, se mettre sur son 31 ne se limite plus au fait de bien s’habiller, mais englobe un changement d’attitude et d’énergie, elle transmet l’idée de se donner un boost de confiance en n’ayant pas peur d’être vu et de briller de mille feux. « Ce qui est passionnant, c’est que la jeunesse d’aujourd’hui fait exactement le chemin inverse de celle des années 70 En 1970, on aurait préféré mourir plutôt que de porter une cravate. On luttait pour ne pas ressembler à ces déjà vieux messieurs de 20 ans des années 60 » explique Sophie Fontanel dans son article pour Harper’s Bazaar.

Avec le retour continu des tendances passées et surtout au vu du succès obtenu par le vintage en 2024, se remplir les cheveux de gel, mettre ses plus beaux mocassins et se parer de ses bijoux de famille les plus excentriques n’a jamais été aussi tendance. Le fait de sortir du placard ses plus beaux atours pour accueillir la nouvelle année incarne donc le luxe dans son sens premier : entrer la tête haute et sous son meilleur jour dans la nouvelle année, faire ce premier pas vers le futur de la meilleure des manières pour attirer à soi abondance, confiance en soi et bien-être, tout en se sentant appartenir à un groupe car bien entendu vous ne serez pas la seule à dégainer la robe à paillette et le boa. Si cela peut sembler difficile à croire dans un monde dicté par les micro-trends et un marketing discret, futé, mais omniprésent, ce n’est ni ce dernier ni la société de consommation qui nous dictent comment nous habiller le 31 décembre, mais bien la culture toute entière. Si en 2024 déjà et probablement en 2025 aussi, on a bien compris que l’habit fait (ou du moins tente de faire) le moine, un peu de paillettes dans nos vies pour débuter 2025 ne peuvent pas être de mauvaise augure.