Bientôt l’affichage environnemental pour les vêtements en France ?

Alors que les foules se sont ruées sur les dernières offres du Black Friday, la ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, s’est rendue la semaine dernière à l’Institut français de la mode. L’objectif de cette visite : lancer une consultation publique sur l’affichage de l’impact environnemental de nos vêtements. Cette initiative marque l’ultime étape avant la mise en place de cet étiquetage, que les marques pourront adopter volontairement dès le printemps 2025. L’affichage environnemental du textile repose sur un système de score destiné à quantifier l’impact écologique de chaque vêtement. Ce score prend en compte l’ensemble du cycle de vie du produit : de la fabrication des étoffes à la teinture, de la confection à la distribution, jusqu’à la fin de vie du vêtement. L’idée est simple : fournir aux consommateurs des informations claires et compréhensibles, similaires à celles que l’on retrouve sur les étiquettes alimentaires ou les indicateurs de performances énergétiques des appareils électroménagers.  

Ce coût environnemental est évalué en fonction de plusieurs critères :  les émissions de gaz à effet de serre générées par le produit, les atteintes à la biodiversité causées par la production et le traitement des matières premières, la consommation d’eau et d’autres ressources naturelles, ou encore la durabilité du produit. Ces données permettraient aux consommateurs de mieux comprendre l’impact environnemental réel d’un vêtement, au-delà de son apparence ou de son prix. Bien que cette initiative suscite beaucoup d’intérêt, elle soulève également des questions sur sa mise en œuvre. Actuellement, le dispositif proposé par l’État est basé sur une participation volontaire des marques. Contrairement à ce que prévoit l’article L. 541-9-12 du Code de l’environnement, qui appelle à rendre cet affichage obligatoire, le gouvernement a choisi d’opter pour une phase initiale facultative. Les marques pourront donc décider de faire figurer ce score environnemental sur leurs produits dès le printemps 2025, mais il ne s’agira pas d’une obligation légale dans l’immédiat. Autre subtilité : cet affichage pourrait être dématérialisé, ce qui signifie que l’information ne sera pas nécessairement visible directement en magasin, mais accessible via un QR code ou une application en ligne. Enfin, il est à noter que ce dispositif ne s’appliquera pas aux chaussures, un secteur pourtant étroitement lié à celui de la mode.  

Ce lancement marque une étape cruciale dans la lutte contre l’ultra fast-fashion, un modèle économique fondé sur la production rapide et à faible coût de vêtements souvent éphémères. Ce secteur contribue fortement à la dégradation de l’environnement, notamment en raison de l’utilisation intensive de ressources naturelles et de la production massive de déchets. L’instauration de cet affichage environnemental s’inscrit dans une démarche plus large visant à transformer l’industrie textile. Il s’agit non seulement de responsabiliser les consommateurs, mais aussi d’inciter les marques à adopter des pratiques plus durables. En rendant visibles les impacts de leurs produits, ces dernières seront encouragées à réduire leur empreinte écologique pour rester compétitives sur un marché en pleine mutation. Cependant, des défis subsistent. Comment garantir que les marques jouent le jeu de la transparence ? Et comment éviter que ce dispositif ne devienne un simple outil de marketing ? Autant de questions qui devront trouver des réponses avant l’entrée en vigueur effective du système.  En proposant l’affichage environnemental des vêtements, la France fait un pas en avant vers une mode plus responsable. Bien que limité dans son application initiale, ce dispositif a le potentiel de transformer durablement les comportements des consommateurs et des industriels. Il reste toutefois à voir si cette approche volontaire sera suffisante pour atteindre les objectifs fixés ou si une obligation généralisée sera nécessaire à terme. En attendant, les consommateurs auront bientôt les clés pour faire des choix plus éclairés, une avancée qui, espérons-le, marquera le début d’une nouvelle ère pour la mode.