67 ans après sa mort, retour sur les prouesses couturières de Christian Dior
Focus sur le génie visionnaire d’un créateur intemporel
25 Octobre 2024
Si l’on vous dit New Look, Saddle bag et J’adore, il y a 99% de chance qu’une seule et même réponse nous soit donnée automatiquement et à l'unisson : Dior. Alors que la Maison appartient aujourd’hui au géant du luxe LVMH et est sous la direction créative controversée de Maria Grazia Chiuri, ses origines remontent pourtant aux années 40 et à son créateur dont on célèbre aujourd’hui tristement le 67ème anniversaire de la disparition. De Christian Dior à Maria Grazia Chiuri, la Maison aura vu se succéder une ribambelle de directeurs créatifs qui auront relever le défi de garder en vie une petite partie de l’âme de son créateur, tout en adaptant le style de la marque à leur esthétique personnelle qui aura convaincu la Maison Dior de les choisir. Presque 70 ans après le décès de Christian Dior et pas moins de 7 successeurs plus tard, il est toutefois important en ce triste jour de se rappeler le véritable ADN qui a donné naissance à la Maison. Alors afin de rendre hommage comme il se doit à monsieur Dior et surtout pour faire en sorte que ses prouesses et succès de la couture ne tombent pas dans l’oubli, faisons un petit saut en arrière dans le temps avec un récapitulatif de tous les moments marquants de sa vie et de sa carrière, toutes deux interrompues bien trop tôt.
Tout commence en 1946, au lendemain de la seconde guerre mondiale, alors que Christian Dior, alors âgé d’une quarantaine d’années, décide de se lancer dans la mode et d’ouvrir son premier magasin de haute couture situé Avenue Montaigne. Quelques mois plus tard, en 1947, son tout premier défilé réalisé avec l’aide de son équipe de choc, comprenant Pierre Cardin, va malgré lui marquer l’histoire de la mode et de la maison qui en est pourtant alors à ses premières armes. Jupe ample, tailleur marqué à la taille (la fameuse bar jacket), large chapeau élégant, silhouette féminine : le New Look, qui tient son nom d’un commentaire de la rédactrice en chef de Harper’s Bazaar Carmel Snow, est une ôde à la femme et romp officiellement avec les nouveaux codes de la mode en ascension avant son arrivée. Fini les vestes aux épaules carrées et les jupes courtes et droites aux lignes sévères, avec le New Look, l’hyperféminité redevient la norme, la séduction est de mise et la femme fleur devient la silhouette de la femme Dior par excellence, à adopter impérativement, faute de quoi vous basculeriez dans la catégorie démodée. Le thème des fleurs continuera d'ailleurs d'être abordé par le créateur normand tout au long de sa brève carrière, notamment avec la ligne corolle, qui s’inspire directement des pétales de fleurs en tout genre. La même année que le New Look, en plus d’une collection incroyable qui propulsera le couturier sur le devant de la scène fashion de Paris et d’ailleurs, le tout premier parfum de la maison voit le jour : Miss Dior. Une appellation (encore d'actualité aujourd'hui) qui vient du surnom affectueux que donnait Christian à sa sœur Catherine, pour qui il vouait une admiration sans précédent et qui l’a inspirée dans nombre de ses créations.
En 1957, la maison Dior assure plus de la moitié des exportations de la couture française. Time Magazine consacrera sa Une au couturier, posant ses ciseaux pour gaucher à la main. La même année, il met également en place un système de licences, permettant à des fabricants d'accessoires de signer leurs produits de son nom. En onze ans, son activité s'étend dans quinze pays et assure l’emploi de plus de 2000 personnes. Pendant cette période, 100 000 robes sont vendues. Malheureusement ce climat prospère sera de courte durée, car à 52 ans, après seulement une décennie de carrière, le créateur meurt prématurément et soudainement d’une crise cardiaque lors de ses vacances en Italie. La rumeur veut que ce décès fut la cause d’un burnout et d’un rythme de vie trop frénétique. On dit d’ailleurs qu’il comptait quitter le monde de la mode pour se lancer dans la cultivation de fleurs, plus particulièrement du muguet, qu’il faisait déjà pousser avant son décès tragique. Ce sera ce même muguet qui décorera poétiquement son cercueil, lui permettant de s’en aller entouré de ce qu’il aime et de ce qui l’a toujours inspiré.
Pourtant la mort de monsieur Dior est loin d’avoir marqué la mort de la Maison Dior. Après lui, c’est Yves Saint Laurent (de 1957 à 1960), qui travaillait déjà à l’atelier Dior, qui en reprendra les rennes, qui sera succédé dans l’ordre par Marc Bohan (de 1960 à 1989), Gianfranco Ferré (1989 - 1996), John Galliano (1996-2011), Bill Gayten (très brièvement, de 2011 à 2012), Raf Simons (2012-2015), et Maria Grazia Chiuri jusqu'à aujourd'hui. Le reste de l’histoire de la maison Dior sera marquée de moments tous plus emblématiques les uns que les autres, comme la création du sac Lady Dior, rappelant les chaises Napoléon III qui ont accueilli les invitées lors du premier défilé de Christian Dior, rebaptisé en hommage à Lady Di qui le commandera dans toutes ses versions et le rendra iconique. Les collections de John Galliano représentent également une époque emblématique et florissante pour la maison Dior, avec ses défilés théâtraux et ses créations tout aussi grandiloquentes. Si les collections récentes et la présence de Maria Grazia Chiuri à la tête de la direction créative de la maison aujourd’hui sont loins de faire l'unanimité voire déçoivent grandement la plupart des adeptes de la mort, la Maison Dior reste aujourd’hui encore l’un des piliers de la mode française qui a grandement contribué à renforcer son influence dans le monde entier. Christian Dior, son New Look et ses fleurs sont aujourd’hui à considérer comme des morceaux du patrimoine de la fashion sphère, que l’on ne risque pas d'oublier, même 67 ans plus tard et après le passage de directeurs créatifs en tous genre, décevants ou pas.