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La mode sous le feu des projecteurs à Art Basel Paris

Quand art contemporain et grandes maisons se rencontrent

La mode sous le feu des projecteurs à Art Basel Paris Quand art contemporain et grandes maisons se rencontrent

Selon Yohji Yamamoto, « la mode, ce n’est pas de l’art. La mode, c’est fabriquer des vêtements. Et c’est seulement une fois fabriqués que certains vêtements peuvent devenir des œuvres d’art. » De la robe homard réalisée par Elsa Schiaparelli en collaboration avec Salvador Dalì, à la collaboration entre Louis Vuitton et l’artiste japonais Takashi Murakami, en passant par la fameuse collection Mondrian d’Yves Saint Laurent réalisée avec le peintre Allemand du même nom, la mode et l’art ont pourtant toujours été intrinsèquement liés, et continuent de s’entremêler et de s’entraider dans un mélange d’idées et d’ADN créatifs. Et pour l’édition 2024 de Art Basel Paris, la mode n’a pas hésité à se frayer un chemin parmi expositions, œuvres et représentations artistiques. Après avoir été l’hôte des Jeux Olympiques puis du défilé Chanel SS25 fin septembre, le Grand Palais reprenait la semaine dernière son rôle de maison mère de la plus grande foire d’art de France. À une époque où l'intérêt pour le luxe diminue et où il est primordial pour les marques d'entretenir des relations avec ses potentiels clients, le monde de l'art représente une fenêtre non négligeable pour la mode, et une occasion unique d'atteindre un public non seulement riche mais également avide de culture et de pièces emblématiques. Alors que collectionneurs d'art VIP, conseillers et journalistes se rendaient à la capitale française pour une semaine où art moderne et contemporain ont été mis en vente pour des millions d'euros, Miu Miu, Louis Vuitton ou encore Burberry marquaient les esprits par leurs expositions, installations ou encore mini conférences. 

La semaine a commencé en grande pompe, avec Louis Vuitton et sa fondation qui célébrait ses 10 ans en inaugurant une gigantesque rétrospective de l'artiste pop américain Tom Wesselmann, qui se poursuivra jusqu'en février 2025. En dehors de la fondation et parmi les autres exposants, la maison française mettait en lumière au Grand Palais des créations de l'architecte de la fondation Frank Gehry. Sur le balcon central du Grand Palais, l'une de ses sculptures en forme de poisson semblait flotter entre deux ballons monogrammés LV. Derrière elle, un salon sponsorisé présentait de nouvelles itérations des sacs Twisted Box de Gehry, ainsi que d'autres modèles de sacs à main futuristes et des croquis de la fondation. 

Le reste de la ville, en dehors des murs vitrés du grand palais, n’était pas en reste : au Palais d'Iéna, Miu Miu a dévoilé une performance et une exposition intitulées Tales and Tellers, par l'artiste polonaise Goshka Macuga, reprenant son installation initialement mise en place pour le défilé de Miuccia Prada du 1er octobre dernier. Si de base l’installation a été conçue pour marquer les esprits des participants à la semaine de la mode, elle a surtout marqué un temps fort pour Art Basel. Créé comme une expérience à multiples facettes de l'architecture, de la mode, du cinéma et de la presse écrite, le spectacle avait pour but de représenter les protagonistes de chacun des 28 Miu Miu Tales - une anthologie de courts métrages réalisés par des femmes sur des femmes, sous la direction d'Agnès Varda, Chloë Sevigny et Miranda July - qui ont été projetés sur des écrans, des iPads, des iPhones et des viseurs dans le cadre d'une intervention architecturale conçue par le groupe de réflexion OMA de Rem Koolhaas. L'exposition présente 13 années de production cinématographique sous la forme d'un événement en direct, comprenant un programme de conférences organisé par la commissaire espagnole Elvira Dyangani Ose. 

Un peu plus loin, dans le 8e arrondissement, la Galerie Dior, quant à elle, inaugurait une exposition mettant à l’honneur le travail du photographe Peter Lindbergh, retraçant sa carrière mais surtout soulignant le poids que ce dernier à eu dans le monde de la mode et sa façon d’être représentée. En ce qui concerne l’art culinaire, la Maison Alaïa présentait La table Alaïa, explorant l’intersection de la mode, de la nourriture et de l’hospitalité. Chacun des dîners était animé par une personnalité différente et un chef de renom, avec des meubles et de la vaisselle sur mesure incarnant l’esthétique d’Alaïa. Burberry, a également décidé d’ajouter sa pierre à l’édifice cette semaine, en célébrant les intersections de la mode, de l'art et de la culture par un talk. La soirée s'est déroulée dans la boutique Burberry de l'avenue Montaigne et a coïncidé avec le lancement de la campagne Outerwear 2024 de la marque. L'un des temps forts de l'événement a été une conversation entre l'artiste Alvaro Barrington et Patrick Steffen, rédacteur en chef d'Art Basel Paris. Six œuvres de Barrington, dont 3 sculptures et 3 peintures, étaient exposées dans la boutique, et en plus des œuvres d'art, Burberry a présenté cinq répliques de ses archives, mettant en valeur le riche héritage de la marque en tant que pionnière des vêtements d'extérieur. 

En cette période de crise globale pour la fashion sphère, des événements artistiques tels que Art Basel, en plus d’attirer des collectionneurs et des passionnés des quatre coins du monde, représentent également une fenêtre médiatique et publicitaire non négligeable pour la mode, qui semble avoir très bien compris que chaque occasion de faire acte de présence est à prendre. Et elle fait bien, car Art Basel lors de cette édition 2024 a rameuté pas moins de 65 000 visiteurs, 195 galeries de 42 pays et des personnalités culturelles du monde entier. Des ventes importantes, un programme public riche et une participation enthousiaste qui ont renforcé la position d'Art Basel Paris en tant qu'événement culturel majeur dans la capitale française et au-delà. Qui sait, peut-être qu'après ce succès l'édition 2025 sera comme une mini Fashion week hors calendrier et que Art Basel deviendra une référence mode à part entière.