Que s’est-il passé durant cette 39e édition du Festival de Hyères
L'événement annuel célébrant l’audace artistique, la liberté créative et l’innovation
14 Octobre 2024
« Les vérités créatives naissent toujours d’un excès de sensibilité », écrivait André Gide, et c’est précisément cette effervescence sensible qui a enveloppé la 39e édition du Festival de Hyères. Sous le soleil éclatant de la Côte d’Azur, dans le cadre enchanteur des jardins de la Villa Noailles, cette édition, qui s’est tenue du 10 au 13 octobre, s’est affirmée comme un carrefour vibrant où innovation, expression libre et audace esthétique se rencontrent. Jean-Pierre Blanc, fondateur visionnaire et président du festival, a une nouvelle fois orchestré cet événement avec une énergie renouvelée. Dès l’ouverture, il a réaffirmé son engagement à défendre la liberté créative : « La liberté, ce droit qui fait le bonheur de la jeunesse du monde entier. Comptez sur nous pour nous battre pour que ces valeurs continuent d’exister partout, et en particulier ici, à Hyères. » Une promesse qui a résonné tout au long de ces quatre jours, où découvertes, expositions et fêtes se sont succédé.
Cette année, les dix finalistes du concours ont montré une créativité débridée, reflétant un large éventail de nationalités (France, Belgique, Israël, États-Unis, Hongrie, Japon). Dans la catégorie photographie, Basile Pelletier, lauréat du Prix American Vintage, a capturé des moments empreints de douceur et d’intimité, tandis que Thomas Duffield (Mention spéciale du jury) et Clément Boudet (Prix du public) ont présenté des œuvres visuellement saisissantes, explorant respectivement la lumière surexposée et des tirages en noir et blanc capturés en Inde. Du côté des accessoires, Clara Besnard a raflé le prestigieux Prix Hermès avec des créations à la frontière entre art et fonction, tandis que Camille Combremont a reçu une Mention spéciale du jury, et Maria Nava, grâce à son approche subversive des formes et matières, a remporté le Prix du public avec ses sacs vulve provocateurs. Les expositions étaient réparties entre différents lieux emblématiques, notamment la Villa Noailles et la Villa Romaine, où les créations des finalistes étaient mises en scène dans une scénographie signée Paul Bonlarron. Dans les couloirs de la Villa Noailles, les visiteurs ont pu admirer les lunettes alienesques et les vêtements confectionnés avec une inventivité sans limite. La Villa Romaine, quant à elle, transformée en salle d’exposition par Première Classe, présentait un dialogue créatif entre les lauréats des éditions passées, tissant un fil rouge artistique depuis près de quarante ans.
Le point culminant de cette édition a sans conteste été la consécration de Dolev Elron, jeune créateur israélien, lauréat du Grand Prix du Jury Première Vision. Sa collection, centrée sur le denim, a séduit le jury présidé par Nicolas Di Felice, directeur artistique de Courrèges, grâce à ses pièces aux coupes audacieuses et ses découpes arrondies. « Je suis tombé amoureux du denim pendant mes études », confiait Elron. « Cette matière est porteuse du temps et de la mémoire, à la fois sensible et sensuelle, et s’accompagne d’une histoire très longue, assez difficile, que j’essaye d’adoucir avec mes créations. » Sa vision unique et son travail minutieux ont été particulièrement salués pour leur capacité à réinventer une matière traditionnelle tout en la chargeant d’une force narrative contemporaine. Parmi les autres lauréats, le Belge Romain Bichot s’est également distingué avec ses robes-matelas corsetées, remportant à la fois le Prix 19M et le Prix Atelier des matières, tandis que Logan Monroe Goff, avec ses ensembles de motard revisités en tailoring, a décroché le Prix Mercedes-Benz. Gaelle Lang Halloo, avec ses looks streetwear-chic, a quant à elle conquis le public, illustrant la diversité des univers créatifs présents.
Mais le Festival de Hyères ne se contente pas de célébrer les créateurs à travers des expositions et des remises de prix. Il s’agit aussi d’un moment de convivialité et de fête, ponctué de soirées mémorables, comme celle organisée dans une ancienne piscine désaffectée, transformée pour l’occasion en boîte de nuit éphémère par la maison Courrèges, ou encore des dîners dans des lieux emblématiques tels que la plage du Lido ou le parvis de la Villa Noailles. Le Festival de Hyères, au-delà de sa capacité à révéler les talents de demain, est donc un véritable miroir du monde contemporain, où la liberté créative devient un acte de résistance intellectuelle face aux cadres rigides du passé, tout en célébrant l’art et l’audace dans des lieux à couper le souffle.