Germanier et sa collection «Prelude» réinventent la mode par le recyclage
Une collection écoresponsable conçue avec les matériaux recyclés des maisons LVMH
07 Octobre 2024
En Septembre dernier, les couleurs et l'extravagance de la marque éponyme du Suisse Kevin Germanier faisait parler d'elle à la Fashion Week de Paris avec sa collection Les Désastreuses, inspirée du monde mystique des signes du zodiaque célébrant le recyclage et les jeunes talents. Après plusieurs années d’expérience dans le secteur et avoir habillé les plus grandes stars de la culture pop, allant de Lady Gaga à Kristen Stewart en passant par Taylor Swift, le créateur revient aujourd'hui avec un nouveau projet toujours aussi écologiquement engagé, un tantinet moins coloré mais pourtant tout aussi (voir plus) intriguant qu'à son habitude: la collection Prelude, présentant des pièces réalisées à partir de matériaux recyclés venant de plusieurs maison du groupe LVMH. «Nous ne voulions pas faire d'upcycling à la Germanier, c'est-à-dire des vêtements extravagants et bourrés de couleurs vibrantes, mais au contraire des pièces plus portables», expliquait son créateur à Vogue France. Développée en collaboration avec Nona Source, une plateforme de sourcing de tissus excédentaires, et la start-up Weturn, qui a remporté le Prix de l'Innovation LVMH en 2022, La collection vise deux objectifs principaux : proposer une gamme de produits à la fois attrayants et rentables, tout en préservant les standards élevés de qualité et de sophistication qui font la renommée de LVMH.
Pas moins de sept maisons du groupe LVMH ont offert à Kevin Germanier des vêtements invendus de plusieurs collections différentes. Mais ce n’est pas tout: le créateur bénéficie également de chutes de tissus provenant d'une plateforme créée grâce à un programme international d’intrapreneuriat de LVMH. Certains produits, comme une veste composée d’un tissu homogène, sont pourtant composés de textiles venant de plusieurs Maisons à l’ADN et au style bien différents, grâce à l'application de techniques de découpages particulière afin de tisser de nouveaux tissus, mais aussi de détricotage pour ensuite retricoter de nouveaux articles qui semblent pourtant tout frais. Et le projet ne se limite pas au textile : certains éléments métalliques font également peau neuve dans la collection, après avoir été coulés dans de la résine et coloré par les restes de matières. Le projet est donc réalisé dans une philosophie de «défaire pour refaire», prouvant ainsi qu'il est possible de produire des pièces upcyclées tout en respectant les standards d’excellence propres au monde du luxe et de grands groupes comme LVMH.
Une partie de la collection avait déjà été présentée en avant-première en décembre 2023 à l'occasion du programme LIFE 360 Summit, à la maison de l’UNESCO à Paris, mais a été dévoilée en entier récemment lors de la Fashion Week de Paris. «Mon but est que chaque femme puisse se voir dans ces nouvelles créations plus sobres, du bomber à la robe chartreuse faite à partir d'une doublure», explique Germanier, justifiant ainsi ce changement de cap stylistique quelque peu inattendu, mais fait pour la bonne cause. Une bonne cause sur laquelle travaille le créateur depuis pas moins de 4 ans, suivi de près et épaulé par Alexandre Capelli, adjoint de l'environnement du groupe LVMH. Un projet que l'industrie de la mode devrait accueillir à bras ouvert à l’heure où la mode, qu’elle soit rapide, à la chaîne ou lente et artisanale, et tout ce qui l’entoure provoque inévitablement des dégâts environnementaux malgré elle. Reste à voir seulement si cette approche à la création plus réfléchie et consciencieuse obtiendra auprès du public fashion le succès qu’elle mérite dans un contexte où tout est à portée de main et où le neuf peut sonner à votre porte en un claquement de doigts.