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L’impact environnemental des fashion week est déplorable

Des chiffres alarmants qui appellent à une réforme urgente

L’impact environnemental des fashion week est déplorable  Des chiffres alarmants qui appellent à une réforme urgente

Aujourd’hui, ce n’est un secret pour personne que l’empreinte carbone de la mode est catastrophique. Le secteur du textile représente 3 à 10% des émissions mondiales de carbone, faisant d’elle la deuxième industrie la plus polluante du monde entier. Pour donner un point de référence, le transport aérien mondial est responsable de 2 et 3 % des émissions de CO2 à l'échelle planétaire. Des chiffres alarmants qui ont éveillé les consciences sur la manière de consommer les vêtements et qui ont, par le temps, alimenté un mouvement anti fast fashion. Cependant, il semble que l’impact environnemental des fashion week, pourtant considérable, est un sujet qui reste loin des projecteurs. 

En 2020, The Carbon Trust, le cabinet de conseil basé au Royaume-Uni, a publié un rapport alarmant sur les conséquences environnementales des fashion week. Le cabinet estime que les semaines de la mode à New York, Londres, Milan et Paris, ensemble, émettent chaque année 241 000 tonnes de CO2. Ce qui équivaut à éclairer Times Square pendant 58 ans ou à illuminer la Tour Eiffel pendant 3 060 ans… Les principales sources polluantes sont les déplacements en avions des designers et des acheteurs qui émettent à eux seuls 147,000 tonnes de CO2 annuellement. En effet, à chaque fashion week, des personnalités des 4 coins du monde sont invitées et leur voyage se fait généralement par les airs. De plus, un bon nombre d’entre elles volent en business class, beaucoup plus polluantes que les classes économiques. Les logements et les hôtels font également partie des principales sources de pollution avec 78,000 tonnes d’émission CO2 par an, dûe à la longueur des fashion week (une semaine en général). Enfin, les participants de la fashion week privilégient les taxis aux transports en commun pour se déplacer au sein de la ville, causant des émissions carbones à hauteur de 11 000 tonnes tous les ans. 

Parmi les 4 capitales, c’est la fashion week de New York qui pollue le plus, suivie de Paris et enfin celles de Londres et Milan. Une récente étude de l’institut Greenly corrobore ces tristes chiffres, dans laquelle il démontre qu’une fashion week dite traditionnelle à Paris, rassemblant un peu plus de 17 000 personnes sur une durée de six à sept jours, générerait à elle seule 11 250 tonnes de CO2. Cela équivaut à l'empreinte carbone annuelle de plus de 10 000 allers-retours entre Paris et New York. Face à ces impacts dramatiques dans un contexte de crise climatique apocalyptique, des spécialistes suggèrent des alternatives telles que des télé-défilés, comme en temps de pandémie, afin de désamorcer les émissions carbones. Une proposition qui paraît peu convaincante aux yeux des maisons de mode pour qui, la barrière de l’écran amoindrirait la grandeur des spectacles qu’elles mettent en place lors de la fashion week. 

The Carbon Trust propose de fusionner les fashion week afin de réduire leur nombre et par conséquent, leur empreinte écologique. Par exemple, en combinant les défilés hommes et femmes dans un seul événement ou encore en rassemblant le marché pré-saison avec le marché principal. L’institut suggère également de choisir une ville hôte chaque saison, comme les Jeux Olympiques, plutôt que d’avoir des mini défilés dans différentes villes plusieurs fois par an. Toutes sont des suggestions qui secouent fondamentalement les traditions de cet événement mode vieux de 80 ans. Une bataille sans relâche sera sans aucun doute nécessaire pour instaurer ce genre de changements, convaincant les professionnels de la mode, les CEO des maisons, les villes hôtes et toutes les parties prenantes. Irréaliste? Pourtant, à l’heure de la crise climatique, l’industrie textile ne peut plus se permettre de rester les bras croisés et porte le devoir d’être plus consciente vis-à-vis de la planète comme elle prétend le faire avec la RSE ou l’avènement de la mode éco-responsable.