Bernard Arnault et LVMH, le pouvoir du silence médiatique
Quand le leader mondial du luxe impose à ses cadres une stricte loi du silence face à des médias jugés indésirables
18 Septembre 2024
« Le silence est d’or, surtout quand il s’agit de luxe. » Bernard Arnault, à la tête de LVMH, leader mondial du secteur, aurait récemment imposé une interdiction formelle à ses cadres de communiquer avec sept médias jugés indésirables, selon un courriel daté du 17 janvier. Ce message, diffusé par La Lettre, mentionne des titres tels que Mediapart, Le Canard Enchaîné, ou encore Puck (US), tout en soulignant la volonté d’Arnault de préserver les secrets du groupe face à des publications perçues comme négatives ou racoleuses. En citant ces médias, il condamne explicitement toute fuite d’informations confidentielles qui ne passerait pas par les circuits officiels de communication mis en place par LVMH.
[Info @lalettre_fr] Bernard Arnault n’est pas fan des articles sur LVMH publiés "en dehors des circuits de communication". Dans un mail interne, le PDG a dressé une liste noire des médias d’investigation auxquels il est absolument interdit de parler https://t.co/wVRNOkNfut pic.twitter.com/oAPtMf4b40
— Alexandre Berteau (@aberteau_) September 18, 2024
Dans ce même mail, adressé à une poignée de dirigeants clés, dont sa fille Delphine Arnault, PDG de Christian Dior Couture, Arnault rappelle que toute communication concernant sa famille est strictement prohibée. Il souligne que le non-respect de ces règles constituerait une faute grave, synonyme de manquement à la loyauté, un crime impardonnable aux yeux du milliardaire. L’ordre est clair : tout cadre doit se conformer à ces directives et les faire suivre à leurs équipes respectives, en prenant soin de mentionner les sanctions sévères en cas de transgression.Propriétaire de Le Parisien et Les Échos, Arnault se trouve dans une position singulière où il contrôle, d’une main de fer, non seulement les rênes de l’industrie du luxe, mais aussi des pans de la presse française. Cette dualité entre le silence imposé et la parole maîtrisée pose une question cruciale : dans un monde où l’information circule librement, jusqu’où s’étend réellement le pouvoir de ceux qui la contrôlent ?