Que révèlent les tenues des politiciens?
Quand les politiques font passer un message à travers leurs vêtements
05 Luglio 2024
L’apparence des politiciens, à première vue, peut sembler n’être qu’une affaire de style personnel. Pourtant, derrière chaque costume, cravate ou même sweat à capuche se cache une stratégie soigneusement orchestrée. Alors que la France se prépare pour le second tour des élections législatives, les candidats redoublent d'efforts pour affiner leur image publique. Cette phase cruciale de la campagne électorale met en lumière l’importance des apparences dans le jeu politique. En effet, les tenues des candidats ne sont pas de simples choix stylistiques, mais des éléments essentiels de leur stratégie de communication. C'est dans ce contexte que nous allons explorer les choix vestimentaires des figures politiques contemporaines et ce qu’ils révèlent de leur personnalité, de leur message et de leur positionnement sur l'échiquier politique.
Les Symboles Vestimentaires des Politiciens
La cravate est souvent perçue comme le bastion des conventions politiques. Sa présence ou son absence peut en dire long sur la position d’un candidat envers les normes établies. Jean-Luc Mélenchon, connu pour son refus de porter la cravate à l’Assemblée nationale en 2017, l’avait arborée en 2022, mais avec une touche de couleur : le rouge. Ce choix n’est pas anodin. Le rouge, couleur de la révolution et de la contestation, se veut une déclaration de principes, une revendication d’une posture politique révolutionnaire, même au sein des conventions les plus strictes. La transition de Mélenchon, d'un style résolument décontracté à une cravate rouge, montre à quel point les apparences peuvent être manipulées pour renforcer un message politique. En parallèle, Yannick Jadot, le candidat écologiste, a lui aussi opté pour la cravate pour la première fois lors de l’élection présidentielle de 2022. Pour lui, la cravate était un moyen de signaler son respect pour l’institution présidentielle et de démontrer une certaine solennité. Ce choix a suscité des réactions contrastées parmi ses partisans, certains voyant dans ce geste un renoncement aux valeurs de simplicité et d’authenticité chères à l’écologie, tandis que d’autres y voyaient une nécessité politique pour être pris au sérieux. Quand il s’agit de se démarquer de l’establishment politique, certains optent pour des tenues qui transgressent les normes. Philippe Poutou, ancien candidat du NPA, a fait sensation en 2017 avec son tee-shirt alors que la majorité des candidats étaient en costume-cravate. Son tee-shirt n’était pas seulement une question de confort, mais une déclaration politique. En refusant les codes vestimentaires traditionnels, il affirmait sa marginalité et son opposition aux conventions bourgeoises. C’était une manière de marquer son rejet des symboles de l’opulence politique et de se positionner comme l'outsider par excellence. Plus récemment, Emmanuel Macron a été vu en sweat à capuche arborant les armes d’un corps de parachutistes d’élite. Ce choix vestimentaire avait plus des airs de mise en scène qu’autre chose, une tentative de se réinventer en tant que leader moderne et proche de la jeunesse. En optant pour un vêtement associé à un groupe d’élite militaire, Macron a cherché à projeter une image de force et de détermination. Cette posture, cependant, contrastait fortement avec le contexte d’un président en période de paix, soulignant ainsi le jeu subtil entre image et réalité.
Accessoires et Détails Stratégiques
Les lunettes sont souvent plus qu’un simple accessoire. Elles jouent un rôle important dans la construction de l'image publique. Dans sa course à la fonction suprême, Éric Zemmour, avait fait le choix d’arborer des petites lunettes ovales histoire d’adoucir tant bien que mal son image. Dans les représentations collectives, cet accessoire évoque l’intellectualité, une tentative de contrebalancer la simplicité de ses positions politiques, de tempérer la violence de ses discours et de le rendre plus conforme aux attentes d’une figure politique respectable. La couleur et le style jouent un rôle crucial dans la perception publique. Marine Le Pen de son côté, opte pour une tenue souvent standardisée : des vestes bleu marine ou noire avec un chemisier blanc. Un choix vestimentaire stratégique de normalisation que son fils d’idéologie a également adopté. Chez Jordan Bardella, rien ne dépasse. En évitant les extravagances, il s’ancre dans une image de crédibilité et de stabilité. En revanche, Valérie Pécresse s'affiche volontiers avec des blazers colorés, rouge par exemple, pour se démarquer. Un clin d'œil à Ségolène Royal, associé au drapeau français et aux Républicains, qui se veut être à la fois un symbole de passion et une affirmation claire dans le paysage politique.
Les Tenues et la Perception Publique
L’apparence vestimentaire des politiciens peut également signaler des positions économiques et sociales. Emmanuel Macron, en 2017, avait souligné son choix d’un costume à prix modeste (450 euros) pour se différencier de François Fillon, dont les costumes coûtaient jusqu’à 6 000 euros. Ce choix visait à marquer une opposition claire à l’ostentation et à présenter une image de modération financière. Pourtant, il a par la suite retourné sa veste et a opté pour des costumes plus coûteux. François Fillon, en revanche, a payé le prix de ses choix vestimentaires onéreux lors de l’affaire des costumes en 2017. Une controverse qui a non seulement impacté son image publique mais a aussi mis en lumière la sensibilité du public aux questions de dépenses personnelles des politiciens. Les tenues servent aussi de plate-forme pour des messages politiques clairs, reflétant le caractère et les intentions d’une figure politique. Au Met Gala de 2021, Alexandria Ocasio-Cortez faisait sensation avec sa robe portant l’inscription « Tax the rich ». Ce message provocateur, affiché sur un tapis rouge, et pas n’importe lequel, était une déclaration politique forte, utilisant le glamour pour attirer l’attention sur une question cruciale de sa campagne. De même, Kamala Harris lors de son investiture en 2021, a opté pour un costume violet, une couleur symbolique des suffragettes. Ce choix vestimentaire n’était pas seulement une déclaration de soutien au mouvement féministe, mais aussi un symbole d’unité et de dépassement des anciennes divisions, attestant ainsi d’une vision progressiste pour l’avenir. Enfin, c’était ce que l’on espérait.
Les vestes vertes de Marine Tondelier
Le dernier choix vestimentaire en date à faire débat dans le monde de la politique n'est autre que celui des vestes vertes de Marine Tondelier. La secrétaire nationale Europe Ecologie-Les-Verts n’a eu de cesse d’attirer l’attention sur elle ces derniers temps, pas seulement pour son éloquence, mais aussi pour ses vestes-signatures de couleur verte qu’elle arbore fièrement lors d’apparitions publiques ou télévisées. Membre du Nouveau Front Populaire, elle s’est rapidement imposée dans le paysage médiatique et est loin d’être passée inaperçue. Presque plus que ses idées politiques, c’est surtout sa veste verte, aux couleurs de ses idées, qu’elle porte sur chaque plateau télévisé, qui fait débat. Certains la critique, d’autres applaudissent ce clin d'œil à ses idéaux, certains médias vont même jusqu’à dire qu’elle lui volerait la vedette. Quelqu’un a même été jusqu’à créer un compte X (anciennement Twitter), intitulé «La veste verte de Marine Tondelier». La secrétaire a avoué ne posséder que deux exemplaires de vestes de cette couleur, mais se dit prête à investir dans d’autres pièces similaires après avoir vu l’ampleur que prenait ce simple choix vestimentaire. «Quand je l’ai, les gens viennent me voir» expliquait-elle à Libération. Se pourrait-il qu’un message subliminal se cache dans ces vestes? Dans tous les cas, un peu de couleur en cette période au climat tendu ne peut pas faire de tort. Voyons voir si cette emblème stylistique perdure et quelle ampleur prendra cette référence on ne peut plus sémiologique, qui pourrait devenir le nouvel uniforme des partisans du mouvement.