Souvenir de bord de mer avec Courrèges ss 25
Une présentation minimaliste mélangeant contemporanéité et héritage
24 Juin 2024
Déjà fin juin et le soleil peine à se montrer à Paris, Nicolas di Felice nous emmène avec lui dans une escapade ensoleillée à travers sa collection Courrèges ss 25. Le créateur nous fait oublier la morosité parisienne lors d’un instant en nous traduisant une garde robe par des looks minimalistes et pointus qui nous font voyager sur les côtes de l'île d'Amorgos et nous plongent dans ses eaux translucides, tout en travaillant des archives de la maison provenant d’une collection ss 1970. Il déclare à Vogue lors d’un zoom : « Alors que j’organisais mes vacances en Grèce, je me suis dit : OK, j'aimerais alors mettre les détails de la construction de ce que je porte habituellement, mais je ne voulais pas faire de vêtements sportifs au final ». Le directeur se démène pour mélanger l'utilitaire au cool parisien d’une manière encore une fois spectaculaire.
Si on analyse cette collection, à la palette de couleurs sobre et intemporelle (Noir, blanc rouge et beige) et aux tissus à la fois authentiques et luxueux (coton, laine, en passant par le denim, le cuir et le daim), on s’aperçoit que Di Felice se réinvente subtilement à chaque collection tout en conservant l’image singulière de la maison, actualisant ses caractéristiques explicites rétro-futuriste, graphique et géométrique. Il explore les archives, s’en imprègne et travaille, modifie, de manière astucieuse, les détails qui feront ressortir la beauté du minimalisme de la marque. Il s’exprime sur le sujet disant : « J'ai vraiment besoin de travailler les vêtements sur le corps. Cela peut paraître simple », a-t-il poursuivi, « mais nous ajustons vraiment tout ; nous travaillons - les vestes, les jupes, les pantalons, même les pièces les plus simples - de A à Z. » En parlant de détails, les premiers looks présentent ces trench coats en coton et en cuir aux cols ingénieusement coupés tombant sur une épaule et une manche. Le même détail est ajouté aux versions plus amples, de type blouson, coupées aux hanches. Di Felice nous plonge dans l'univers du matériel de plongée et de randonnée, tisse des détails techniques dans des trench élégant repensé, cintré par une ceinture évoquant une combinaison de plongée, ou à un pantalon en denim indigo brut paré de détails fonctionnels méticuleusement réfléchis. Mais si il y a bien une pièce qu’il faut retenir de cette collection, c’est ce fameux top en maille « magic square », une pièce géométrique ingénieusement éblouissante qui sculpte le torse avec une précision architecturale de l’homme comme de la femme, créant un effet visuel mémorable et saisissant qui fait honneur à la fameuse silhouette en H de Courrèges. Certains arborés de graphiques abstraits inspirés des panneaux de randonnée, souvenir du designer déambulant sur les treks de l'île d'Amorgos.
@courreges Discover the looks from Nicolas Di Felice’s men and women SS25 precollection. Photo: Mark Borthwick Styling: Marie Chaix Casting: DM Casting / Piergiorgio Del Moro / Helena Balladino Hair: Joseph Pujalte Make-up: Anthony Preel Videographer: Antoine Asseraf / The Stimuleye #courregesSS25 #courreges original sound - Courreges
Il rend également hommage à cette collection printemps/été vibrante de Courrèges de 1970, avec des boutonnières asymétriques et des détails en bandes tombant sur les hanches ingénieusement déconstruites, qui cintrent ses pantalons slim ou qui tombent en cascade en panneaux minces ou se transformant en poignets boutonnés aux chevilles. Avec des tailles superposées et aux passants de ceinture surdimensionnés, la collection présente des juxtapositions audacieuses. Nicolas di Felice nous donne une garde robe gorgée de soleil et de souvenirs estivaux avec des poches inspirées des sports nautiques et des chaussures de plongée à enfiler. Ces dernières réinventées pour arpenter les rues parisiennes avec style et audace en cuir nappa et jersey de plongée luxueux. Le blouson de biker en denim revisité, agrémenté d'une fermeture éclair inspirée du surf et d'une boucle de casier pour le suspendre et le sécher après une journée dans les embruns, incarne également cet aspect maritime. On dirait bien que le designer suit la bonne voie à la manière quant à la manière de modernisé la marque à la manière d'une randonnée sur une île paradisiaque, oubliant la morosité parisienne. Di Felice réussit, une fois de plus, à capturer l'essence de Courrèges avec audace et élégance sans nostalgie, projetant la marque dans un futur contemporain, subtilement empreint de réminiscences du passé.