Les vêtements liturgiques de Castelbajac pour Notre-Dame de Paris
Le couturier français a été choisi afin de créer 2000 ornements pour la cérémonie d'ouverture
24 Juin 2024
Le 8 décembre 2024, après plus de cinq ans de travaux titanesques, Notre-Dame de Paris rouvrira enfin ses portes. Depuis l'incendie dévastateur du 15 avril 2019, la cathédrale a été le centre d'une mobilisation exceptionnelle, rassemblant des artisans, des architectes, des scientifiques et des artistes de renom. Parmi eux, Jean-Charles de Castelbajac, figure emblématique de la mode et de l’art contemporain, a été choisi par le diocèse de Paris pour créer les vêtements liturgiques destinés aux cérémonies de réouverture de la cathédrale. Cette mission, véritable « accomplissement » pour le couturier, marque une nouvelle étape dans sa carrière déjà jalonnée de collaborations prestigieuses. Alors qu’il assistait impuissant à l’incendie depuis le quai de Seine avec ses fils, il a ressenti une profonde tristesse mais aussi une détermination à participer à sa renaissance. Le lendemain, il dessinait un nouveau toit en vitrail pour la cathédrale, un geste spontané qui allait préfigurer son implication dans le projet de réouverture.
Le créateur n’est pas un inconnu dans le monde de la mode liturgique. En 1997, il avait déjà conçu les tenues liturgiques portées par le pape Jean-Paul II, les évêques et les prêtres lors des Journées mondiales de la Jeunesse à Paris. Pour Notre-Dame, il a relevé un défi encore plus grand : réaliser 2000 pièces pour habiller près de 1500 évêques, prêtres et diacres. Pour ce faire, il a puisé son inspiration dans l’architecture et l’histoire de la cathédrale. Les couleurs vives des vitraux, le blanc éclatant des pierres, et la croix d’or de l’artiste Marc Couturier, restée droite dans le chœur après l’incendie, ont tous influencé ses créations. « Je voulais participer à l’église de demain avec des vêtements qui parlent du futur » a-t-il déclaré, il a cherché à allier simplicité, solennité et modernité, en utilisant des techniques contemporaines comme le flocage, couramment utilisé dans le streetwear. Ses créations sont non seulement esthétiques mais aussi symboliques. Il a réintroduit le chrisme, un ancien symbole chrétien vieux de 1700 ans, en le redessinant avec des couleurs primaires. Les ganses de couleurs ajoutées aux vêtements soulignent les mouvements des célébrants, créant des reflets et accompagnant leurs gestes lors des cérémonies.
La création des 2000 pièces pour Notre-Dame a représenté un véritable défi, tant sur le plan technique qu’artistique. Chaque pièce a été pensée pour être en harmonie avec l'architecture gothique de la cathédrale, tout en répondant aux exigences de la liturgie contemporaine. C’était un travail d’équipe, une collaboration avec les grandes maisons françaises, alliant savoir-faire traditionnel et techniques modernes. Le couturier voulait « ramener de l’authenticité dans les images et faire en sorte qu’elles soient porteuses de sens dans une société noyée sous un flux permanent de vidéos et de photos ». Cette démarche mélangeant modernité et respect des traditions, a trouvé une résonance particulière dans le contexte de la restauration de Notre-Dame. Jean-Charles de Castelbajac, par son talent et sa créativité, a su apporter une contribution précieuse à ce projet monumental symbolisant la résilience et le renouveau.