Les « tribus fictives » d'Undercover pour sa S/S 25
Jun Takahashi nous transporte dans un voyage psychédélique avec le groupe Glass Beams
20 Juin 2024
Jun Takahashi, l'homme au multi-facettes derrière Undercover , ne craint jamais de bousculer les conventions avec des silhouettes frappantes et une aura envoûtante. Pour sa collection SS25, UNDERCOVER a invité le groupe Prog/Funk Glass Beams et transformé la salle du Grand Plateau à Paris en expérience visuelle et sonore. Dénué de tout artifice inutile et dans une salle sobre que la lumière s'éteint, pour laisser place au groupe australien apparaissant sur le mur principal, ces trois silhouettes aux masques d’or chantent des chœurs dans une langue inconnue rappelant une Inde mythique qui donneront le ton du défilé avec un concert psychédélique. On comprends bien le choix du designer pour ce groupe rappelant des airs de Moyen-Orient ou d'Asie Occidentale allant en parfaite harmonie avec le thème de la collection qu'il reconnaîtra être inspiré de « tribus fictives ».
Lorsque le concert numérique a pris fin, les mannequins ont envahi la scène, habillés de looks décontractés empreints de bohème. Les costumes masculins classiques étaient taillés dans un lin léger, rehaussés de touches emblématiques de Takahashi, avec des nuages flottants et demeures hantées ressemblant à celle du film « Psychose » d'Hitchcock. Les premiers looks reflétait une sorte d'uniforme nomade avec des vestes au style japonais amples et des pantalons à ourlet haut en bleu cobalt, rose ou blanc cassé. S'enchaîne par la suite des vestes comportant des sangles cousus aux pans avant des vestes ou sur les coudes, tandis que d'autres du même modèle étaient soulignées de fermetures éclair ou de fentes au niveau des articulations. En plein cœur de la collection, Takahashi dévoile une collaboration avec Champion, articulée en trois looks distincts. Ces derniers caractérisés par des sweats à capuche essentiels avec des fermetures éclair doublées et des logos élargis, tandis que les pantalons de survêtement se sont présentés amples et courts. En tant qu'accessoires, les mannequins portaient des chapeaux à larges bords avec des voiles en filet, ou des coiffes ornées de pointes et de feuilles d'or, perchées au-dessus de masques en dentelle qui leur cachaient les yeux. La plupart d'entre elles portaient des cols de dentelle embellis autour du cou au style Victorien, complétés par des détails tels que des boutons peints de couleurs vives, chacun positionné de manière unique et aléatoire.
Viennent ensuite des jupes mélangeant style brocart baroque et des modèles d'inspiration centrasiatique aux bords effilochés, ainsi qu'une autre à carreaux gris vieillis associée à une veste de style Chanel avec des coutures en chaîne jacquard noires ton sur ton. Le défilé se termine par une procession de robes longues et de jupes traînantes, évoquant le sari et incrustées de métal ainsi que des veste amples beiges ou aux imprimés représentant des entités aux membres élancés ayant l'air tout droit sortis du film « Arrival ». Le traducteur de Takahashi raconte à Vogue : « Il veux proposer une collection pour hommes qui intègre aussi des éléments féminins, car il pense que cette frontière s'estompe de plus en plus ». Il enchaînera avec un message concernant le thème de la collection « Il y a beaucoup de catégories, beaucoup de tribus. Je voulais rendre cela sans frontières. Car pour éliminer les conflits, il faut éliminer les frontières - c'est la métaphore. Et parce que je travaille dans la mode, c'est ainsi que je peux exprimer cela ». Ce discours rentre parfaitement dans l'air du temps, avec une société de plus en plus divisé, essayant de représenter la solidarité humaine dans une ère de rupture.