Le duo Victoria/Thomas arrête ses activités commerciales
La marque se focalisera désormais uniquement sur des collaborations et autres projets de designs
11 Juin 2024
La marque française de prêt à porter Victoria/Tomas fondée en 2012 par le duo de designer Victoria Feldman et Tomas Berzins, nous annonce via WWD ce lundi 10 juin, mettre fin à leurs activités commerciales. Le duo, qui figure au calendrier officiel de la Fashion Week de Paris depuis 2017 et proposée par des revendeurs du monde entier, notamment Neiman Marcus, Harvey Nichols, Le Bon Marché, ainsi que par des boutiques de détail telles que COLETTE à son apogée déclare vouloir se focaliser désormais sur des collaborations et divers projets de designs pour l'avenir. Leur atelier parisien fermera également. Il explique que cette décision était due à une combinaison de forces du marché et à un désir de détourner leur attention des opérations commerciales quotidiennes pour se concentrer sur des efforts plus créatifs.
L'ascension de la marque a débuté dès la sortie de l'école de mode Esmod par le duo fondateur, et n'a pas tardé à se faire remarquer en se hissant parmi les finalistes du Festival International de Mode et de Photographie de Hyères l'année suivante. La reconnaissance n'a pas tardé, notamment grâce à des créations audacieuses telles que le lancement de vêtements réversibles en 2020. Dont le but était simple et dans une optique plus durable, un vêtement, est égal deux looks. On retrouvait par exemples une longue chemise à col finement rayé pouvant être portée comme une tunique, avec une couche de soie fluide dépassant du bas, et retourné, la pièce devenait une blouse habillée. Malgré ces innovations et cette croissance de plus en plus grande, la pandémie la même année, a brutalement transformé le paysage commercial, entraînant une série de fermetures de boutiques et influant sur le système commercial de la marque. « Pour être honnête, surtout après le COVID-19, l’activité a beaucoup ralenti », confie Berzins. « Nous avions l'impression que le prix de gros diminuait, lentement mais régulièrement » Cette contraction du marché de gros a eu des répercussions significatives sur leur situation financière. « L'industrie a connu beaucoup de changements, des changements négatifs, à commencer par le commerce de gros, sur lequel nous nous concentrions principalement sur notre activité depuis le début », poursuit-il. « Lorsque les grands magasins ferment leurs portes ou déposent le bilan, il n’est pas facile de les remplacer. » La pandémie a été un coup dur, faisant chuter leur chiffre d'affaires de 70% à cause des annulations de commandes et des fermetures de magasins. Depuis, une cinquantaine de leurs points de vente partenaires ont mis la clé sous la porte. L'atmosphère frénétique des showrooms de Paris post-pandémie n'a pas aidé : « Même avec un showroom très central, nous ne pouvions même pas voir nos clients actuels à Paris, tout le monde court, tout le monde est pressé, tout le monde est stressé », explique Berzins. « Ce n'était pas comme ça en 2014 ou 2015. C'était une ambiance totalement différente. »
Simultanément, la concurrence s'intensifie et les détaillants deviennent de plus en plus prudents, préférant les valeurs sûres au risque de miser sur des marques émergentes. « Par rapport à ce que nous avons vu il y a 10 ans, voire même six ans, quand les acheteurs voulaient prendre des risques, ils voulaient acheter de nouvelles choses pour expérimenter et offrir cette plateforme à un jeune designer. Aujourd’hui, les gens essaient simplement de trouver des solutions rapides », observe Feldman. Le succès initial du concept réversible s'est érodé à mesure que le luxe discret prenait le dessus, rendant les détaillants plus frileux à l'innovation. Face à ces défis, le duo redirige son énergie vers des collaborations stratégiques, notamment avec des marques établies dans diverses catégories. Leur partenariat avec la maison de parfum Caron, pour laquelle ils ont conçu une mallette de transport, illustre cette nouvelle approche. Ouverts à toutes formes de collaborations créatives, qu'il s'agisse de marques de grande rue ou de sportswear, Berzins précise : « Nous n'avons aucune limite, nous n'avons aucun tabou quant aux endroits où nous pouvons ou ne pouvons pas travailler. C'est juste une question d'adéquation avec notre vision et avec un aspect humain y compris l'équipe. » Feldman ajoute avec optimisme : « Nous sommes très motivés et regardons l'avenir de manière très positive. Nous avons hâte de vivre de nouvelles aventures. »